Un sommet contre les inégalités

Les dirigeants politiques du monde entier pourraient faire face à une colère croissante des citoyens s’ils ne peuvent pas renouer avec les populations mécontentes, a déclaré lundi un responsable des Nations Unies, alors que les chefs d’État du monde entier se débattent avec les protestations.

Les manifestations en Amérique latine et ailleurs sont liées à l’impatience des dirigeants qui doivent s’attaquer aux inégalités du 21e siècle, a déclaré Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dans une interview.

« Ceux qui détiennent le pouvoir (…) doivent reconnaître que s’ils ne peuvent pas répondre au sentiment de chagrin particulier que ressentent les gens, leur légitimité sera remise en question », a déclaré Steiner lors du lancement à Bogota du rapport annuel du PNUD sur le développement humain. «Mon espoir est que ces manifestations sont à bien des égards un signal d’alarme.»

Alors que les pays se précipitent pour se développer, la frustration de ceux qui restent sans accès à l’enseignement supérieur, l’économie numérique ou des services comme le haut débit pourrait alimenter les tensions politiques, a déclaré Steiner.

Le rapport montre que si l’écart entre les niveaux de vie de base s’est rétréci, les pays à faible développement sont aux prises avec une nouvelle génération d’inégalités, la proportion d’adultes dans les pays très développés entrant dans l’enseignement supérieur augmentant six fois plus rapidement que dans les pays peu développés.

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Les abonnements à large bande ont augmenté 15 fois plus rapidement dans les pays très développés que dans les pays peu développés, ajoute le rapport. Le changement climatique contribuera également à l’inégalité, car ceux qui ont moins de ressources ont du mal à se protéger des conditions météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles.

«Ce n’est pas un hasard si ce n’est pas un phénomène de la Colombie ou de l’Amérique latine; cela se produit dans le monde entier », a déclaré Steiner. « La polarisation politique et parfois l’explosion de protestations se produisent à travers le monde. »

Les récentes manifestations dans la région ont ont également secoué des pays comme le Chili, l’Équateur et la Bolivie. Ailleurs, il y a eu des manifestations de masse au Liban et à Hong Kong.

En Colombie, des manifestants ont organisé une série de grèves nationales depuis fin novembre. Dirigés par des syndicats et des organisations étudiantes, les manifestants ont adressé 13 demandes au gouvernement du président Ivan Duque, notamment l’abandon des plans de réduction des impôts sur les entreprises.

« (Les protestations) ne naissent pas du moment mais éclatent davantage dans les rues en fonction des développements et des tendances à long terme », a déclaré Steiner, ajoutant que bien que les protestations aient été déclenchées par des problèmes différents dans chaque pays, elles reflètent un  » un sentiment d’inquiétude sous-jacent, séminaire incentive de frustration (…) un sentiment de manque d’équité. »